Suivant l'ordre de mes souvenirs, je ferais apparaître les photos parmi celles que je possède.
Je commencerais par les gens et les commerçants que j'ai le plus côtoyé, je m'excuse si j'en oublie quelques-uns, et si l'ordre n'est pas respecté, mais les années ont passées.
Je raconte mes souvenirs, des souvenirs que tout le monde a encore en tête. La Colonne Randon, que certains appelaient quartier St Anne, a été toute ma jeunesse et certains au fur et à mesure se reconnaîtront.
Je vais vous parler de mes souvenirs depuis ma naissance un certain 30 Septembre 1941, pendant la guerre ,jusqu'à la date que l'on connais un peu trop : je parle de Juin 1962.
Après ma naissance à l'hôpital civil de Bône. Photo ci-dessous.
J'ai résidé comme je l'ai dit à la Colonne rue Paul Bert au N° 8 pendant plusieurs années. Puis on a déménagé pour aller à la Ménadia 3. Le modeste appartement était au dessus du bar de Mr Belmonte. Juste en face de la rue Paul Bert se trouvait le passage Savino
La Colonne Randon, mais pour nous c’était la colonne, qui commençait au niveau du cinéma Olympia, ou se dressait à l’époque une colonne blanche rappelant un fait d’armes du général Randon et de la colonne qu’il commandait.
Ce n’était pas la place d’armes avec ses ruelles étroites et mal fréquentées, mais trois avenues larges et rectilignes partageant en autant d’ilots qui communiquaient par des rues qui n’étaient pas dangereuses. L’école Sadi-Carnot que l’on appelait la grande école par rapport à l’école maternelle de l’avenue Garibaldi, avait certains maitres que l’on craignait. On se rappel les parties de foot sur la place de l’église Sainte-Anne, les bagarres à coups de mottes de terre, les descentes à vélo ou carrioles a roulement à billes de la route de Bugeaud.
On n’avait pas d’endroit pour se rencontrer, donc on descendait en ville, pourquoi ? le quartier de la colonne et surtout la rue Sadi Carnot était plus bas que le niveau de la mer d’où les inondations que l’on subissait presque chaque hiver, le cour Bertagna nous servaient de point de ralliement, et on faisaient des va et vient fatiguant, le soir retour à la colonne dans notre quartier.
Le passage Savino
Pour moi ainsi que pour José Nocci, Jean-Claude et Charlet Januzzi, Roger Donguet, Daniel et Fernand Dokan, Chemama, Kamel, et d'autres dont j'ai oublié le nom, le passage Savino et la rue Paul Bert étaient notre terrain de jeu, mais pour les jeux et les activités que l'on avait on en parlera plus tard.
Mes premiers souvenirs : faire le tour des plages assis dans le fauteuil en osier que mon père fixait sur son vélo, je peux vous dire que j'ai fait pas mal de kilomètres comme cela . Les promenades au square derrière le stade. Un square qui était superbement entretenu à l'époque comme l'était notre ville.
Mon père ma soeur Christiane et moi au square avant 1950 |
Le square après 1962 |
Je vais commencer par la rue Sadi-Carnot avec tous ses commerçants que l'on côtoyaient presque tout les jours.
- La boulangerie de Mr Gaspari que je voyais tout les jours et qui m'avait donné comme surnom Bouchiroux, pourquoi ? Je ne l'ai jamais su. Il confectionnait et vendait deux sortes de pain, le pain Bis et le pain Blanc , la couleur de la mie et le prix étaient différents. Pour les fêtes de Pâques et de Noël, il nous faisait cuire les gâteaux que les parents préparaient. Le fils avec sa Juva quatre livrait le pain à Saint Cloud et à la Ménadia.
- J'ai un souvenir bien précis concernant Mr Gaspari, il avait une chatine qu'il devait repeindre. Il m'a demandé si je voulais gratter la coque les jours où je n'avais pas classe et en contre partie il me prendrait avec lui quand il irait à la pêche. Tout content, j'ai accepté. J'ai gratté cette coque partout où j'ai pu, je n'étais pas bien grand à l'époque, et lorsque la peinture a été fini, la chatine a été remise à l'eau à sa place au Sport Nautique.
Je lui ai demandé quand on irait à la pêche. A plusieurs reprises des promesses, aucun problème, j'en ai eu mais la partie de pêche avec lui en chatine, je ne l'ai jamais eu. Mais je ne lui en ai pas voulu malgré tout, il m'avait parlé d'assurance comme raison. Je peux vous dire que cela m'avait servi de leçon.
Mais je remercie Mr Debono, mon voisin, qui plus d'une fois m'a pris avec lui à la pêche sur son bateau qu'il avait appelé STELLA. On allait pêcher au large et bien plus loin du Cap de Garde, à un endroit appelé "les Deux Frères".
- A l'entrée et à gauche du passage Savino se trouvait la marchande de légumes, Mme Taranto. Je n'ai connu que Mme Taranto, que l'on appelait Mme Charlot, qui était la grand-mère de Jean-Claude et Charlet Januzzi et de Roger Donguet. On faisait la queue pour acheter la glace que l'on mettait dans la glacière. On n'avait pas de réfrigérateur à cette époque. Après Mme Taranto, il y a eu Mr Raymond qui a pris la gérance pour très peu de temps, il est mort dans le magasin en plein après-midi, tué par une bombe.
- Le commerce voisin de Mme Taranto était celui de Mme Dangelo, on prenait le vin au détail chez elle. Là aussi je n'ai pas connu Mr Dangelo, ni Mr Taranto. Je me rappelle avoir acheter de la ficelle et du papier pour les cerfs-volants que l'on confectionnait nous même, mais j'en parlerais plus tard avec les jeux. J'allais souvent le jeudi pour lui donner un petit coup de main, il faut dire que cette dame était très gentille et agréable. C'est ma tante qui a pris ensuite le commerce en gérance lorsque Mme Dangelo a pris sa retraite.
- Le marchand de makroudes, z'labias et beignets suivait après. Certains se plaignaient de la couleur de l'huile de cuisson. Pour ma part je n'en ai jamais souffert et pourtant je peux dire que des beignets et des makroudes j'en ai mangé quasiment tout les jours, surtout le matin pour les beignets.
- Je me rappelle du café maure qui suivait et des interminables parties de domino que faisaient les clients à majorité musulmane. Le café qu'ils buvaient vous tenait réveiller toute la nuit, encore plus pendant le ramadan, cela durait pratiquement la nuit entière.
- Au dessus du café maure logeait le père de Daniel Diméglio, notre champion des 24 heures cycliste sur piste.
On arrivait ensuite à la rue de Malte, a l'angle de cette rue se trouvait une poissonnerie, puis plus loin, une mercerie,le photographe Pons, l'épicerie Miccalef, le coiffeur Avignon, un marchand de beignets, le bourrelier Maury Hippolyte, la boulangerie Martinelli, le débit de boissons de madame Buscarino, un marchand de légumes, puis la maison ou est né le Maréchal JUIN.
- A droite du passage Savino il y avait un bar, la patronne avait un nom de fleur "ZAENIA " Georgette, dans son bar il y avait souvent, pour ne pas dire tout le temps Gavin ( on a jamais su son nom de famille ), qui était pour nous un visage connu, et quand il commençait à prendre à partie un autre visage connu, je parle de Jean-jean qui était fossoyeur et croque-mort chez Bruno, cela faisait des étincelles. Il faut dire qu'ils étaient tout deux aidé, par les autres clients du bar et aussi par le breuvage que vendait Papy Jourdan. Gavin était un ancien légionnaire, un brave homme qui avait un serpent tatoué autour du corps, d'après ce que disaient certains colonnois, et habitués du bar, les deux extrémités du serpent partaient et arrivaient d'un endroit bien précis de son corps.
Lorsque le vendeur de journaux France soir, que l'on avait surnommé "ma petite folie"du nom de la chanson qu'il chantait toujours, passait devant le bar, là, aussi bien Gavin que Jean-jean le prenait à partie, les mots doux bonois fusaient et les morts sortaient de leurs tombes, mais ils n'échangeaient que des mots, heureusement.
- Jean jean venait voir mes parents, surtout ma mère pour le 15 Août avec un bouquet de fleurs pour lui souhaiter une bonne fête, il repartait chaque fois soit avec une bouteille de vin soit avec un billet pour en acheter une, il disait toujours à ma mère : "Marie quand tu meure c'est moi qui fera ton trou", il n'a pas pu tenir sa parole, il est décédé avant elle. Mais les disputes entre ces deux énergumènes valaient vraiment le coup, surtout qu'elles se répétaient souvent et en Bonois pure
- Après le bar, l'épicerie de Mr Vella où l'on faisait une partie de nos courses. Il avait sa maison juste en face de l'épicerie, avec ces trois filles qui avaient des appartements séparés : Mme Xiclunna, Mme Moreau et Mme Greck épouse d'un frère Greck, tenant pour sa part la boucherie charcuterie, qui était à coté de l'ancien moulin à huile rue Sadi-Carnot. Mr Greck avait transformé le moulin pour la boucherie, vue l'ampleur que son commerce avait pris.
C'est Mme Bourdet ( ou Bordet ), une métropolitaine, qui a pris l'épicerie de Mr Vella en gérance. Je dis cela car pour le 1er Avril vous savez les blagues et les poissons accrochés dans le dos étaient de coutume à la colonne et ailleurs aussi. Cette dame reçoit pour le 1er avril un coup de téléphone :
"- Mme Bourdet, avez-vous des saucissons ?
Mme Bourdet : oui, bien sûr.
- de gros saucissons, insiste la personne
- oui oui Monsieur, des gros."
alors la personne lui dit gentiment mais fermement :
"vous pouvez vous le mettre dans le c...!"
Le lendemain lorsqu'elle voit ma mère elle lui raconte l'histoire, "vous vous rendez compte me dire cela à moi de me mettre un saucisson dans le c...". Et ma mère qui avait la tête ailleurs lui répondit "alors vous l'avez mis !". Voyant qu'elle avait fait un lapsus ma mère s'est excusée. Et pendant un certain temps il y a eu un froid. Mais on ne lui a pas dit que le coup de téléphone avait été donné par ma soeur qui travaillait chez le fleuriste Vallée.
- Plus loin à l'angle de l'impasse Teddée et de la rue Sadi-Carnot, après la maison de Mr Vella, se trouvait la grande maison de Mr Pinelli le libraire. Ensuite la boucherie Srir, le boucher qui m'a pratiquement vue naître, et que Mr Srir est la dernière personne de la Colonne que j'ai vu avant mon départ de l'Algérie. En continuant sur le même trottoir, le magasin de Loulou, le mozabite qui faisait travailler ses fils, enfin travailler le mot est grand car ils étaient tous les soirs de la semaine en java, et le lendemain ils récupéraient. Si bien que le père qui était retourner au pays a dû prendre un associé pour surveiller ses deux fils.
- Ensuite la maison de Jean Millo la fille, plus connu sous le nom de la grande Germaine ou Jeannette, qui était chapelière. Il a coiffé plus d'une tête de Bonoise, il avait des doigts d'or ( certain disait qu'il n'avait pas que les doigts en or ) on peux dire que lui aussi comme d'autres ont fait vivre et animer cette rue que l'on aimait si fort.
- On trouvait ensuite le commerce de Mme Dragon, la grand-mère de Noël Mei assassiné par le sous-lieutenant Palvadeau, qui est maintenant substitut du Procureur à Troyes, où il se permet de juger les criminels
On y prenait le lait. Je crois que tous les Colonnois qui habitaient la rue Sadi-Carnot ont encore en tête le souvenir et le bruit que faisait la calèche et la jument de Mr Micalef lorsqu'il livrait le lait. Un bruit agréable qui nous faisait sortir avec notre pot de lait. Le lait que nous servait Mme Dragon était encore chaud. Souvent je gardais la crème épaisse pour faire du beurre.
- Un peu plus loin se trouvait mon coiffeur Salvador, je dit mon coiffeur façon de parler. Il venait à domicile couper les cheveux de mon grand-père qui ne pouvait presque plus se déplacer J'ai revu Mr Salvador à Marseille en 1962, il nous avait dit qu'il partait en Italie et que son commerce il l'avait laissé à son ouvrier dont le nom m'échappe.
- Il y avait un petit bar, je ne me rappelle plus le nom du propriétaire que j'ai revu aussi à Marseille. Son bar était prés du vieux port à côté de la Mairie, j'ai en mémoire le petit singe qu'il possédait.
- Au début et à gauche de la rue Célestin Bourgoin, le cordonnier italien avait son échoppe. J'ai là aussi une petite histoire pour des souliers que l'on avait commandé chez lui, je lui ai demandé : "Je voudrais que la semelle craque", c'était à la mode. Et il m'a répondu tout simplement : "Amène-moi une douzaine d'oeufs et tu verras ça va craquer comme tu le désire !"
- Ensuite dans le passage qu'il y avait entre la rue Sadi-Carnot et la rue Garibaldi se trouvait la petite fabrique de pâtes, on y voyait souvent les trémies plein de pâtes placés à l'extérieur pour que les pâtes puissent sécher. Je ne crois pas que l'on pourrait faire cela aujourd'hui, et pourtant personne n'y touchait.
- Le garage Lecoy qui faisait aussi station service suivait et donnait sur les rues Sadi-Carnot et Clémenceau, je crois qu'il était le seul garage station-service dans le quartier.Photo moi devant le garage avec le neveu de monsieur Diffraya.
- On arrive ensuite place Marchis en passant devant la maison Lévy à gauche, et à droite le Palais Loucheur (son nom vient de la loi Loucheur). Souvent sur la place Marchis des forains s'installaient.
Le cirque Zerbini qui avait dressé son petit chapiteau, avait tendu un câble en haut des deux bâtiments, pour que le Funambule Gérard Bloc ( nom d'artiste je suppose ), beau-fils de Mr Zerbini, fasse son numéro. Pendant une semaine il faisait son numéro, aidé seulement d'une longue perche et par nos parents qui du sol tendait le câble en tirant sur des cordages, il marchait mieux sur le câble que nous au sol. J'ai revu le cirque et les animaux qui lui restaient au zoo de Marseille en 1963. Quand je dis le cirque, je devrais plutôt dire ce qu'il en restait, et là encore une page de notre jeunesse était tournée.
- On arrive ensuite place Marchis en passant devant la maison Lévy à gauche, et à droite le Palais Loucheur (son nom vient de la loi Loucheur). Souvent sur la place Marchis des forains s'installaient.
Le cirque Zerbini qui avait dressé son petit chapiteau, avait tendu un câble en haut des deux bâtiments, pour que le Funambule Gérard Bloc ( nom d'artiste je suppose ), beau-fils de Mr Zerbini, fasse son numéro. Pendant une semaine il faisait son numéro, aidé seulement d'une longue perche et par nos parents qui du sol tendait le câble en tirant sur des cordages, il marchait mieux sur le câble que nous au sol. J'ai revu le cirque et les animaux qui lui restaient au zoo de Marseille en 1963. Quand je dis le cirque, je devrais plutôt dire ce qu'il en restait, et là encore une page de notre jeunesse était tournée.
- Le Palais Loucheur était pour moi très familier, ma marraine Yvonne Roux y habitait, elle jouait au basket-ball dans l'équipe de l'ASB, ainsi que mon parrain Georges Roux qui lui jouait au football dans l'équipe de l'ASB.
La photo de l'équipe juniors de basket est transmise par la soeur de Denis, Paule Cévéro-Lagunas
Ma marraine 2e à gauche puis N° 6 Yvonne Bonacquisto
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Mon parrain |
A gauche du Palais Loucheur, il y avait l'épicier Slimaine et à droite la vendeuse de linge Sonia, mes parents ont pris mon 1er costume chez elle, vous avez deviné qu'il s'agissait du costume de communion.
- En face, la maison Lévy qui me fait penser à un triste souvenir que je vais vous raconter.
Lors d'une manifestation, nous étions arriver à hauteur du Palais Loucheur et de la maison Lévy, lorsqu'on a entendu des rafales de mitraillette, je me suis réfugié sous le porche de la maison Lévy, et quand le calme est revenu je suis sorti, j'ai vu le corps du jeune GAMBA mortellement touché qui baignait dans son sang. Mais contrairement à ce qui a été dit les légionnaires n'étaient absolument pas ivres, ils ont exécutés un ordre qui venait de leur adjudant. J'étais ce jour-là sur place et je peux vous certifier que cela s'est passé comme je vous le dit.
- Ensuite, le photographe Pons, puis un grand terrain où je chassais les papillons, sur les papillons j'ai une petite histoire : je mettais tout les papillons que j'avais pu attraper dans une boite rangée sous le buffet. Pas longtemps après, on avait la cuisine envahi par les fourmis, inutile de vous dire ce qui s'est passé quand ma mère s'en est aperçu et comment a fini la boite de papillons.
- Le bar et le jeu de boules de Mr Léo suivait, je ne suis pas sûr du nom du propriétaire, je me rappelle deux choses sur ce bar.
La première est joyeuse : le mariage de ma soeur Christiane avec Michel Bonnici et l'apéritif qui a suivi dans ce bar.
La deuxième l'est beaucoup moins : dans ce bar et comme dans tous les bars, il devait y avoir à l'intérieur une protection grillagée pour empêcher les attentats, mais malgré cela un terroriste a pu jeter une grenade. Le propriétaire qui était à proximité a voulu la rejeter dehors et il a eu la main arrachée par l'explosion. Mais son action a certainement sauver la vie des nombreux consommateurs.
- A l'angle de la rue Burdeau et de la rue Sadi-Carnot se trouvait l'épicerie Réfalo, le trottoir devant l'épicerie était transformé par Mr et Mme Réfalo en chapelle avec un autel fleuri pendant tout le mois de Mai, que l'on appelait mois de Marie, les fleurs fanées étaient ôtées et changées tout les jours.
La procession des Communions qui passait par la rue Sadi-Carnot s'arrêtait devant l'autel, le curé bénissait le tout, puis on repartait par la rue Garibaldi en direction de l'église Sainte Anne, nombreux sont les colonnois qui suivaient la procession en chantant des cantiques. Une fois fini le mois de Mai tout était démonté jusqu'au mois de Mai de l'année suivante.
- Avant la boulangerie de Mr Gaspari, il y avait une pâtisserie, je ne me rappelle plus du nom du propriétaire ainsi que celui du bijoutier horloger qui suivait, je me rappelle la montre qu'il m'avait réparé, l'axe cassé comme cela arrivait souvent au montre que l'on possédait à cette époque.
- Je vais déplacer mon récit à gauche de la rue Sadi-Carnot, après la rue Paul Bert. Un libraire dépositaire de journaux avait remplacer une épicerie, suivi par le ferblantier, en passant devant son atelier on le voyait penché sur les costumes sans manches (cercueils), il soudait le doublage en zinc que l'on mettait à l'intérieur des cercueils.
Puis en suivant, il y avait un bourrelier, l'ancien moulin à huile qui avait été repris comme je l'ai déjà dit par Mr Greck, un naturaliste qui nous faisait peur, pas lui, mais les bêtes mortes que l'on voyait et qui attendait pour être empaillés.
Il y avait aussi un marchand d'oiseaux et de différentes graines, il nous achetait les oiseaux que l'on prenait, soit à la glue soit avec les cages attrapes.
- Il y avait plus loin un terrain vague, où là aussi les forains s'installaient, dans la rue Allman un cinéma en plein air avait ouvert, de l'extérieur on voyait l'image à l'envers, et le son était bon. Quand le propriétaire du cinéma s'est aperçu qu'il y avait plus de monde dehors que dans la salle, il a fait mettre un doublage derrière l'écran, après on n'avait plus que le son, l'intérêt pour les films était beaucoup moins intéressant.
- L'école Sadi-Carnot et tous les souvenirs. Le directeur de l'école des garçons Mr Camillieri et la directrice de l'école des filles Mme Attard.
L'école Sadi-Carnot est la seule école avant le Collège Technique que j'ai fréquenté. J'ai failli aller à l'école maternelle de la rue Garibaldi, mais il n'y avait plus de place lors de l'inscription. Inutile de vous dire que j'étais heureux, car tous mes copains étaient inscrits à l'école Sadi-Carnot.
En rang le long du muret on attendait l'heure de rentrée qui était donnée par la cloche que faisait sonné Mme Fiachetti la concierge. On avançait ensuite sous le regard du directeur et de l'odeur du cigare qu'il avait toujours à la bouche.
Dans la classe maternelle j'avais à coté de moi la fille de l'institutrice, la seule fille dans l'école de garçon. On apprenait à compter sur des bûchettes, et comme j'avais le triple de bûchettes qu'il nous fallait, mon père qui travaillait au chemin de fer (CFA) avait pu m'en avoir en bois blanc, j'en prêtais aux élèves qui n'en avaient pas, et ils étaient nombreux. On ne trouvait pas ce que l'on voulait, la guerre finissait seulement.
Je revois encore ma classe, on passait le préau et la deuxième cour à gauche, là où on avait droit à la soupe pendant la récréation certains jours de la semaine.
Les noms de certains instituteurs.
Mr Graziani en cour moyen, il nous emmenait en retenu chez lui le midi sans prévenir nos parents, inutile de vous dire que quand le directeur l'a appris, c'est lui qui a failli aller en retenu.
Messieurs Quiliquini et Obled en fin d'étude. Je n'ai pas de bon souvenir de ces deux instituteurs, surtout Mr Obled, si un instituteur agissait de la même façon et emploierait la même manière à notre époque, il finirait peut-être bien en prison. Il fallait supporter et surtout ne rien dire aux parents, car l'instituteur ( le maître ) avait toujours raison.
Le fils du directeur, Mr Camillieri en cour moyen, pour être tranquille en classe, comme punition il nous faisait faire des pages de verbes à la maison qu'il fallait déchirer devant lui sans qu'il fasse de vérification. Ayant compris cela, au lieu de les déchirer chaque fois devant lui, on déchirait d'autres feuilles, comme cela on avait des verbes d'avance, cela nous laissaient plus de temps pour jouer.
Le directeur avait toujours à la main un bâton noueux, à ma connaissance il ne s'en est jamais servi sur un élève. Or un jour, juste avant les vacances de Pâques, avec mon copain petit Mifsud ( il y avait aussi le grand Mifsud ), on a vu le bâton du directeur qui traînait, chose rare, et on a décidé de revenir après les cours.
Quand la concierge nous questionne, on lui dit que l'on a oublié des affaires et une fois dans l'école, on prend le bâton que l'on met dans le trou des w-c. Après les vacances, lors de la reprise des cours, on a la surprise de voir le directeur avec son bâton qu'il avait retrouvé , le bâton était plus court et un bout était entouré de ficelle. Il passa dans chaque classe pour demander qui avait fait cela, vous pensez bien qu'il n'a jamais eu de réponse.
- En face de l'école il y avait la maison Palomba où habitait Mr et Mme Garcia et ses enfants, elle était infirmière à l'hôpital civil, c'est Mme Garcia qui me faisait les piqûres, plus tard j'ai revue Mme Garcia, lorsque j'allais donner mon sang, c'était elle qui s'occupait des donneurs de sang, une brave femme ainsi que sa famille.
- L'épicerie Micalef, on allait à la sortie de l'école acheter des friandises, on s'arrangeait pour être servi par Mme Micalef, elle était généreuse et gentille. Le fils livrait les commissions avec le fourgon de marque Peugeot.
- La rue Paul Bert, en face du numéro huit, il y avait trois commerçants. Un tailleur , un coiffeur et Mohamed notre marchand de légumes. Je vous dit notre, car on prenait tous les légumes chez lui. Il était d'une grande gentillesse. La maison au dessus était à la famille Bentayeb, ainsi que l'ancienne usine de pneumatique, il y avait encore à l'intérieur les moules, pour la fabrication des pneus et l'odeur tenace du caoutchouc.
- En face de la fabrique de pneus se trouvait un petit jardin potager que la propriétaire Mme Paul entretenait très bien, par la suite un petit immeuble fut construit sur le terrain.
- Plus loin un bijoutier dont le nom m'échappe, il faisait fondre l'or pour fabriquer ses bijoux et coulait l'or liquide dans les moules qu'il avait préparé, tout cela se faisait au rez de chaussée sans aucune protection. C'était vraiment la bonne époque dommage que cela n'a pas continué.
- A l'angle de rue Paul Bert et de la rue Garibaldi se trouvait le commissariat du 3° arrondissement, qui a déménagé par la suite pour s'installer près du cimetière.
Emplacement du |
- On jouait au ballon dans cette petite rue, le ballon était confectionné de journaux que l'on enroulait les uns sur les autres en les serrant, on attachait le tout avec une ficelle en donnant une forme plus ou moins ronde. Les policiers du commissariat nous le prenait souvent, car il était interdit de jouer au ballon dans la rue. Il faut dire qu'ils n'avaient pas tort, car pour les personnes qui prenaient le ballon dans les jambes ou ailleurs cela ne leur faisait pas du bien. Mais inutile de vous dire que peu de temps après, un nouveau ballon était près.
-Au début de la rue Garibaldi se trouvait le cinéma l'Olympia, Mr Lamouroux était le propriétaire.
- J'ai travaillé dans ce cinéma lorsque l'installation électrique a été refaite, le propriétaire avait demandé que l'on place les cinq anneaux et torches olympiques comme éclairage de chaque coté de la scène. Chaque lundi le projectionniste visionnait le film qui devait être projetait toute la semaine pour vérifier les éventuelles cassures, cela faisait pour nous une projection gratuite.
- Le magasin de Daniel Diméglio suivait après le photographe Sabin.
Tout le monde se souvient de Daniel Diméglio, champion d'Afrique du Nord et du monde des 24 heures sur piste le 12 novembre 1958, malgré l' handicap consécutif à un accident qu'il avait surmonté avec courage. Il avait crée une association cycliste la Roue d'or Colonnoise (la ROC), il prêtait les vélos de route et de piste aux jeunes adhérents du club, je peux dire que pour avoir voulu essayer de le suivre j'ai mouillé ma chemise plus d'une fois à l'entraînement le dimanche matin. On a participait au défilé militaire ainsi que pour la montée des couleurs du drapeau français face au théâtre.
- Au milieu de la rue Garibaldi sur la gauche se trouvait les bains et douches, pas très loin de la maison de Portelli Jean Pierre, qui fut le plus jeune Papa de Bône. On dira après que les Bonois n'étaient pas précoce ....
On voyait souvent dans le quartier, un policier devant une voiture à cheval, c'était la fourrière qui passait pour ramassait les chiens qui erraient, on a toujours dit que le policier qui accompagnait la charrette était puni, il est vrai que pour marcher sous la chaleur qu'il faisait je pense pour ma part qu'il était vraiment puni. Lorsque la personne à l'aide de son fouet coulissant, s'apprêtait à attraper un chien, on allumait un pétard et bien sur le chien de peur se sauvait et nous aussi....
- Rue Burdeau habitait la famille Jardella, ils étaient forains et ils installaient souvent leurs stands place Marchis. On allait souvent le soir avec nos parents tenter vainement notre chance à la loterie, comme gardien le père Jardella avait un couple de chiens, des bergers allemand, il n' avait pratiquement jamais d' ennuis et pour cause....
- J' ai eu le plaisir de jouer comme figurant au Théâtre dans deux pièces en 1957/58
La première était le Pays du sourire, je tenais le rôle d'un Eunuque, à l' époque on ne savais pas ce que c' était un Eunuque, mais quand on l' a sut on faisait moins le fier, mais je peux vous dire que le rôle n' a eu aucun incident sur la suite de ma vie, heureusement......
La deuxième était Roméo et Juliette, je tenais le rôle d' un garde, je n' ai rien à dire sur ce rôle, sauf que j' ai failli embrocher un comédien avec mon épée en me prenant les pieds dans un tapis qui traînait sur la scène, heureusement que cela c' est passé pendant la répétition. Après ces deux pièces j'ai arrêté ma carrière de comédien. L' armée avait besoin de moi.
- J' ai en souvenir un voyage en France pendant les vacances scolaires de 1954/ 1955. Des familles Françaises qui avaient des jeunes enfants voulaient bien recevoir des petits Pieds Noirs, j'ai fait parti de ses enfants. Mais la famille qui m'a accueilli et qui résidait dans le Doubs à Arçon avait bien des enfants, le plus jeune avait 50 ans "Mr Antoine", pour jouer c'était super, mais je ne regrette pas, car il était formidable , il me laissait conduire la charrette et mener la jument qui s'appelait" la rouge"
.Les photos ci dessous montre une partie du groupe.
Photos du retour sur le ville de Marseille